Beaucoup de travail

Flore, perchée sur le bureau de Maël, grignotait une sucette en regardant sa cousine s'agiter.

"Ca me va... Il ne faut pas que tu négliges la bouquinerie, c'est vrai. Le salon de thé a toujours eu des horaires bizarres et ça n'a jamais eu l'air de déranger quiconque par contre. Je crois que... je vais aller faire un tour en ville, voir si je croise quelqu'un. Peut-être refaire un saut à la tour ou essayer de fouiner dans les archives. "

Mais elle ne fit pas mine de se lever pour autant.

"Ca fait des nuits que je n'ai pas vu la fillette et l'homme, je me demande s'ils étaient dans un autre endroit... Peut-être qu'ils ne font plus les rêves? Qu'ils ont trouvé un moyen de s'en sortir. Ou.. tu crois que ce serait possible que certaines personnes, en dehors de nous je veux dire, soient réelles et d'autres pas?"

Flore fit la grimace. Elle n'aurait pas dû en parler devant Maël. Maintenant elle allait se sentir obligée de promettre comme lui demandait sa cousine et son principal objectif tombait à l'eau.

"Ca va... je n'irai pas... Mais c'est bien pour toi. Et puis j'ai juste fait tomber un tout petit chevalet minuscule, le vent en aurait fait autant..."

Bien, il lui fallait changer ses plans. Elle contempla sa sucette comme si elle comptait y trouver toutes les réponses à ses questions. Mais à part qu'il était temps qu'elle en rachète d'autres, rien ne lui vint, même pas une toute petite illumination.

"Je ne sais pas si je peux les trouver en cherchant au hasard, mais je sais que si je reste sans rien faire je les retrouverai encore moins. S'ils existent... En fait je suis certaine qu'ils ne sont pas loin... mais qu'on se croise sans se voir. Et ce que ça peut m'agacer... Je vais finir par coller des affichettes sur les arbres et les poteaux, comme on fait avec les animaux perdus. Comme ça, s'ils sont vraiment dans le coin, ils les verront."

Et il ne restait plus de la sucette que le bâtonnet, il était l'heure de prendre des mesures drastiques.

"Mais je vais commencer par le centre commercial, tout le monde a besoin de faire des courses un jour ou l'autre. Et..."

Elle agita le bâtonnet.

"Plus de sucreries dans les placards. Et plus de chocolat non plus. Tu veux que je te prenne quelque chose?"

Flore éclata de rire aux exemples de Maëliwen.

"Cousine de peu de foi! Je pensais plutôt à quelque chose du genre 'Journée thématique rêves et cauchemars, venez raconter vos rêves les plus incroyables, ceux où des créatures surgissent des ombres de la ville ou ceux dans lesquels vous avez réalisé des choses dont vous ne vous pensiez pas capable. Le meilleur récit sera récompensé. Mercredi prochain au nouveau salon de thé'. Si ça se trouve ça les attirerait vers nous, et au pire je suis certaine que ça pourrait être drôle. Et je pourrais en profiter pour faire une super décoration autour du thème du rêve."

Elle se pencha pour prendre son sac qu'elle avait laissé sur le sol, puis se redressa.

"Mais je ne vais pas rester plus longtemps entre toi et tes cartons. Nous disions, des sels de bain. Rien d'autre? Vraiment? Dans cinq minutes je ne suis plus là et il sera trop tard pour changer d'avis."

Flore répondit le plus innocemment possible.

"Je reviendrai déposer tes affaires et après je repartirai... chercher. Et pas de bêtises, tu me connais, je n'en fais jamais et je serai sage comme une image. Et toi ne fais rien que je ne ferai pas."

Puis elle fit un signe de la main à sa cousine et sortit enfin.