La Salle de Concert

*Sathÿrr se figea. Il repensa a son incessante envie de musique, en même temps que des notes se firent entendre. S'il était bel et bien dans un rêve, il sentit un frisson le parcourir et son sang se glaçer, comme éveillé.

Regardant les autres à tour de rôle, écoutant le dénommé Carl prendre la parole d'un air assuré et pressant, il fronça les sourcils et s'avanca vers la salle, sur les talons du grand balèze. Son instinct lui dictait de simplement laisser la musique l'envahir, et se laisser guider. En découvrant la beatué de la salle de concert, il fut apaisé, soulagé. Et fut convaincu que ce n'etait qu'un rêve. Impossible que cette salle soit liée au dehors.

Il se décida à chercher des yeux qui avait joué. Rien.

Soudain, il se sentit déprimé et las. Un quart de seconde, il se demanda ce qu'il ficha là. Finalement, il serra les poings et s'assit sereinement sur l'un des sièges de la salle, en attendant que quelqu'un lui dise quoi faire. Dans cette réalité, il se laisserait guider. Pour l'instant.*

Skwyrell entra également dans la salle, précédé par Altaïr. Lorsque celui-ci s'engage devant son maître, sans aucun ordre, ce n'est pas bon signe.

Sentant à l'attitude de son compagnon qu'ils allaient avoir la visite de nouveaux "invités", Skwyrell se prépara. Il releva sa manche gauche et laissa apparaitre une étrange seringue en métal. Elle était couchée le long de son bras, l'aiguille enfoncée profondément dans son bras, au centre d'un motif, un tatouage.

Celui-ci était composé de plusieurs motifs inconnus et d'une inscription intrigante.

Altaïr aboya deux fois, comme pour répondre à Maëliwen. Etonné, Skwyrell esquissa un sourire puis se tourna vers la pulpeuse adepte du fouet.

- Maso... mmh... nous avons chacun nos petits travers il parait.

Puis il prit un air réfléchi quelques secondes, et enchaina :

- Skwyrell ...pourquoi pas. C'est rassurant de pouvoir se rattacher à quelque chose de matériel... des mots... des noms... celui-ci fera l'affaire.

Skwyrell, ourson ou chaton... Vous avez fini de discuter un peu? Je crois que nous avons des préoccupations légèrement plus pressantes dans le moment.

Nous avons tous entendu ces notes, pourtant, rien ne joue plus présentement... je n'aime pas ça, ça présage rien de bon.

Gaëwyn commença a chercher dans la salle, regardant partout autour de lui, cherchant ce qui pouvait être à l'origine du bruit précédent.

Alors, vous m'aidez un peu au lieu de parler de vos petits animaux?

Discret, il l'était toujours. Il regardait toujours tout. Il avait assez vu pour dire qu'il détestait la nuit.

- La musique. Ca va être un piège. Je le sens.

Il avançait prudemment aux côtés de Carl.

- On se jette dans la gueule du loup, en tout cas... Il faut rester groupé.

Il souffle à l'oreille de Maëliwen:

- Le papier disait bien que la musique allait être dangereuse, cet instrument l'est sûrement.

Puis, à la femme:

- Que faites vous ici? Si vous ne savez pas en jouer on peut attendre, vous en faites pas.

Il ne voulait surtout pas l'entendre jouer.

*Sathÿrr était tombé de sa chaise.
Quelques instants plus tôt, il avait les bras croisés, assis sur une jambe et l'autre se balancant dans le vide, tel un enfant. Il regardait Maëliwen s'approcher de l'instrument, quand soudain...

Une femme apparut. Une femme que l'on ne voit que dans ses rêves. Elle parla d'une voix tellement sensuelle... Et lorsqu'elle eut fini de faire le tour des présents et que ses yeux se posèrent sur Sathÿrr, celui ci en perdit l'équilibre.

Il se remit sur pieds, accouru du plus vite qu'il put vers la charmante apparition, et se présenta avec la politesse qui lui était si particulière. Il etait dans un rêve, autant en profiter.*

" - Salut beauté, moi, c'est Sathÿrr *lorgne Amélia de haut en bas et de bas en haut en s'attardant sans gêne sur un vertigineux decolleté*"
Etant moins bete qu'il n'en a l'air, il la regarda droit dans les yeux et lui dit tout simplement :

" - Si j'ai bien appris a me mefier de quelque chose, c'est bien des femmes. Et des comme toi, ca cache toujours un truc. Tu joues de ton truc, là, un Crevette, et on débarque comme des fleurs, limite forcés. D'ailleurs en parlant de fleurs... Ca sent les chiottes, ton parfum, putain!! Bon, Tu veux bien nous expliquer ce qui s'passe, parce que si t'es pas au courant, tu peux au moins nous expliquer c'que tu fous là..."

*Haussant un sourcil et déformant son visage d'un rictus, il recula d'un pas et croisa les bras, toujours en admirant cette mysterieuse mais non moins très attirante crétaure.*

Gaëwyn soutint le regard d'Amelia lorsqu'il fut son tour de se faire regarder. Ses mains n'avaient toujours pas perdu de leur lueur, sur ses gardes qu'il était, se souvenant des mises en garde.

Le machin à côté n'a peut-être pas les meilleures manières, mais il parle pourtant pour vouloir dire quelque chose... Répondez donc à ces questions, ce sera un début.

Il n'était pas vraiment avec les autres, son exploration des lieux l'ayant poussé un peu plus loin, mais il ne fit pas un geste en direction du groupe de Veilleurs ou même dans la direction d'Amelia, évitant d'être une cible trop facile pour quiconque.

*Sathÿrr regardait la salle et l'instrument bizarre d'un air détaché... Qui cachait ses regards furtifs vers la poitrine, les jambes et les longs cheveux de la femme qui se sentait si seule. Il lui démangea fortement de lui dire combien il se sentait seul aussi, et de lui proposer de la réconforter et d'unir leur solitude sous une couette bien douillette, ou, à défaut, contre le mur dans l'un des coins de la salle. Option qu'il préférait, mais qu'il se garda bien de penser à haute voix, laissant ses obscénités, et autres fantasmes non assouvis dans un coin de sa tête.
De toutes façons, un jour, il l'aurait. Il la voulait, il l'aurait. Comme d'hab'. Patience...

Finalement, il écouta Carl s'adressa à elle, et éclata de rire.*

" - Oh. Eh doucement, vas pas nous l'abîmer de suite, et, en plus, moi je veux pas les voir, les monstres! Si c'est pour me faire larder la couenne en rêve et me réveiller en sueur pour aller bosser, non merci hein... *s'adressant à Amelia* Mais quand même, il a pas tord... Débloque ces putains d'accès, ta salle est trop grande pour nous tous et me file les pétoches. Allons ailleurs, ou va droit au but et dis nous ce qu'on fout là à part te tenir compagnie et..."

*Il s'arrêta net. Il avait déjà entendu les autres dire qu'ils auraient dû déjà être tous éveillés. Sathÿrr savait que son métier ne lui laissait pourtant que très peu de temps de sommeil, et il commença à s'interroger sur le fait qu'il n'ait toujours pas entendu sonner son réveil. Il força son subconscient à émerger. Il se força, força... Et la tête lui tourna. Bientôt, son front perla de sueur et il exhorbita les yeux.
Il prit conscience que là, c'était vraiment autre chose qu'un rêve. Une dimension parallèle, à part, où il était de chair et d'os. Vulnérable et... Réel, dans un sens.
Il s'assit un instant, puis regarda encore une fois la femme. Aucun désir sexuel compulsif dans ses yeux maintenant. Il dit simplement :

" ... Et à part te tenir compagnie, tu joues avec nous. C'est toi qu'a bloqué le temps. Je vais être en retard, et j'ai horreur de ça... Si tu te sens seule, tu nous sors de là et on va boire un verre tranquille. J'vais te t'nir compagnie moi."

Bizarrement, sa phrase n'était pas empreinte d'arrogance ou de provocation. Elle semblait cacher quelque chose, une ruse, une envie de voir ce rêve se finir là, brusquement et tout de suite. Car il se sentait en danger après ses paroles et sa prise de conscience, si l'on pouvait nommer cela comme tel. Il sortit son couteau et commença inconsciemment et nerveusement à jouer avec.*

Et ce ne serait pas une idée de laisser la dame faire son spectacle?

Il s'arrêta avant de continuer en lançant un regard à Carl et au nouveau venu.

Ah, et calmez-vous donc un peu... il ne manquerait qu'une créature à nous tomber dessus et vous ne vous y attendriez pas. À moins que ce soit précisément ce qu'il vous manquerait? Un peu d'action? Je suis certain que vous êtes capable d'aller régler vos différends un peu plus loin, non?

Il se retourna à nouveau vers Amelia et sourit en coin.

Si vous voulez un conseil... faites donc ce que vous voulez faire, à savoir... nous faire partager votre passion il me semble? Autrement, laissez rapidement partir certains de vos invités qui semblent un peu énervés... Il ne faudrait quand même pas que ce si joli instrument soit détruit par une méchante colère...

Skwyrell observait sans mot dire. On ne savait pas vraiment si c'était de l'indifférence ou de l'appréhension. Il avait entre-temps rabattu sa manche, caché son bras. Cependant il restait focalisé sur Altaïr, attendant comme une réaction de son chien, qui semblait figé, très attentif à son environnement.

- Du calme.

Alexander sa plaça derrière Carl et posa la main sur son épaule. Serein, il ferma les yeux et parla à Carl. Naturellement, il se montra étrangement apaisant.

- Rien ne sert de s'énerver. Nous sommes assez en danger comme ça. Garde ta colère pour quand le moment sera venu.

Alexander savait bien qu'il sentait venir le piège. Il retira sa main et rouvrit les yeux. Il pointa l'instrument du doigt.

- Posez l'instrument. Nous ne sommes pas dupes.

*Sathÿrr écoutait Carl lui parler sans broncher. Ce qui éveilla son attention, c'est la manière dont celui qui le regardait, pret à lui sauter a la gorge, fut instantanément apaisé par la main d'Alexander sur son épaule... Que se passait-il à cet instant précis? Il vit le visage de Carl recouverer son sang froid illico. Il n'eut pas le temps d'appronfondir sa réflexion...
Quand la secousse le fit perdre l'équilibre, Sathÿrr crut que Carl avait transformé ses paroles en actes, et décoché un coup de poing massif en plein dans sa tempe.
En fait, il n'en était rien : une secousse semblable à un tremblement de terre se fit sentir... Et entendre. Un peu plus loin... Au dehors? Il n'en était pas sûr....

Quoi que ce fut, les sens en alerte, concentré sur tous les présents il attendait que quelqu'un dise quelque chose. Finalement, il prit le premier la parole*

" - Sainte merde. C'était quoi ça?!"

*La mine déconfite, il regardait a présent vers Amelia, presque sûr qu'elle avait quelque rapport avec cet évènement. Il n'avait plus du tout envie de faire le pitre, maintenant. S'il avait pu se regarder, il était sûr d'être aussi blanc qu'un dessous de couille.*